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Page:Colette - La Femme cachée, 1924.djvu/240

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JEUX DE MIROIRS

sanctions contre certains parfumeurs, la fabrication des essences est dangereusement libre, l’odorat féminin, rudimentaire souvent, mal cultivé, affronte et essaye tout ce qui se vend en flacons. La lavande affadie d’angélique, la rose poissée de géranium, l’extrait de vanille inutilement tonifié de résine, le narcisse goudronneux, le lilas cyanhydrique, l’œillet créosoté, le benjoin déguisé en ambre, et toute cette flore imprécise, ces parterres distillés, où se révèle inévitable, mal cachée, l’âme nauséeuse du panais sauvage !…

Je tâche d’oublier les parfums qui flottent, cacophoniques. D’ailleurs mes deux voisines, jolies, sentent bon. Le santal de la brune me lasserait à la longue, et je sais que derrière la « rose-rouge » dont se vaporisa la blonde se cache, au second plan de l’olfactif, une vague fétidité d’encre fraîche. Mais quoi ? nous ne passe-