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Page:Colette - Les Égarements de Minne, 1905.djvu/41

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— Pourquoi me l’a-t-elle demandé, puisqu’elle le savait ?

Il bouscule en passant le « barbytos » qu’il a fait construire chez Pleyel. La grande lyre gémit, lamentable et harmonieuse… « Bon Dieu, mon modèle 8 !… » Il la palpe avec sollicitude et se sourit dans la glace, rhapsode barbu.

Antoine n’est pas un aigle, mais il a le bon sens de s’en rendre compte. Tourmenté du besoin de se grandir aux yeux de Minne, il a demandé conseil à Gustave Lyon qui, avec une bonne grâce obligeante et vive, un peu méprisante (« Tiens, petit, voilà un coin de laboratoire pour jouer ; amuse-toi bien ») lui a dessiné le gabarit du « barbytos », indiqué la longueur, le nombre des cordes, leur diamètre et leur degré de tension… Et, patiemment, dans la lumière sévère du vaste laboratoire, Antoine reconstitue des instruments bizarres qu’il affirme grecs ou égyptiens. « Je me serais aussi bien occupé d’automobiles,