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LAUSANNE À TRAVERS LES ÂGES

création de la rue Centrale, en 1870 ; elle servait de marché aux fromages et de marché aux poissons ; la Commune la vendit au milieu du dix-huitième siècle. Une hôtellerie occupait les étages supérieurs ; elle portait en dernier lieu le nom d’Albergo del Ponte. Il y avait autrefois d’autres Halles ou marchés couverts, M. Ch. Vuillermet[1] signale la Halle de la Condamine, au bas de la rue de Bourg, qui existait en 1342 ; une Halle à Ouchy, mentionnée dans un acte de 1355 ; la Halle de Saint-Laurent mentionnée dans un acte de 1402 ; la Halle de Martheray mentionnée dans un acte de 1439. Chaque bannière avait ainsi son marché. Ces vieilles halles ont successivement disparu ; il ne reste plus que celle de la Palud, sous l’Hôtel de Ville, qui a été transformée en remise pour les pompes. La Grenette de la Riponne (dont les jours sont comptés), construite en 1838-39, et le petit marché aux poissons de la place du Flon ont remplacé les anciennes Halles.

Sous les évêques, de nombreux moulins s’étaient établis le long du cours du Flon et de la Louve. Or, tandis que aujourd’hui, d’après la législation en vigueur, les cours d’eau font partie du domaine public et sont inaliénables, en sorte que l’État ne donne aux usiniers que des concessions à bien plaire, pour une durée de temps limité et moyennant redevance, les évêques avaient accordé aux usiniers établis sur les rives du Flon et de la Louve des concessions, soit abergements, qui constituaient, conformément au Plaît général, de vraies servitudes. Ces droits des usiniers furent ensuite confirmés par LL. EE. de Berne suivant décision du Sénat du 17 juin 1793, conformément au dispositif de la grande Largition qui avait réservé le maintien de ces droits à l’exclusion de tout autre. C’est pour ces motifs que, lors de l’inscription des droits réels, l’État de Vaud, par acte notarié F. Pasquier et E. Moret, passé en date du 9 mars 1896, a reconnu les droits concédés par les évêques concernant treize barrages, dont trois étaient propriétés de la Commune de Lausanne. Un acte analogue, passé en mains des mêmes notaires, en date du 18 mars 1897, établit les droits d’irrigation, acquis de la même manière par six propriétaires, au nombre desquels figure la Bourse communale, pour ses prés de Vidy. Cette survivance partielle d’une législation depuis longtemps abrogée est un phénomène curieux. Les évêques ont été déchus de leur principauté, mais les droits qu’ils avaient accordés subsistent dans toute leur étendue.


IV

Proclamation de la Trève-Dieu. — Consécration de la cathédrale en 1275. — Concile de Lausanne. — Séjour de Charles le Téméraire.

Lausanne a une histoire terne et effacée. Son développement fut lent ; ses bourgeois n’avaient pas le sens diplomatique qui distinguait les Bernois, les Zurichois, les Lucernois et les gens des Waldstetten. Tandis que nos Confédérés de la Suisse allemande jouent un rôle sur la grande scène politique et qu’ils

  1. Voir Notes historiques sur Lausanne, par Ch. Vuillermet, Lausanne, F. Rouge, 1896.