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Dans le même quartier encore s’élève l’ Asile des aveugles, fondé en 1844 par Mme Elisabeth de Cerjat et William Haldimand. Cet utile établissement est connu au delà des frontières de la Suisse. Il comprenait primitivement deux sections seulement : 1° l’Institut pédagogique, qui eut pour directeur pendant 42 ans Henri Hirzel, figure très originale, très primesautière, qui fut l’âme de cette belle œuvre[1] ; à Henri Hirzel ont succédé Théodore Secretan et M. Maurice Constançon ; 2° l’Hôpital ophtalmique, qui eut pour chef pendant près de 30 ans le Dr F. Recordon, auquel succéda le Dr Marc Dufour. Deux autres sections furent ajoutées à l’asile, à savoir : l’Atelier pour aveugles adultes, créé en 1857 et l’Asile Recordon créé en 1895 pour recevoir les femmes aveugles adultes. L’Asile des aveugles possède un matériel d’imprimerie, avec lequel il a imprimé les Saintes-Écritures et divers manuels d’école ; il possède aussi une bibliothèque de plus de 300 ouvrages transcrits à la main en écriture Braille.

Tout récemment a été construit, sur la route d’Ouchy, l’hôpital de la Trinité, qui est tenu par des religieuses trinitaires. Cet établissement est surtout fréquenté par une clientèle française se recrutant généralement dans les classes aisées ; il reçoit aussi des indigents. A la différence des œuvres qui précèdent, c’est de l’étranger qu’il reçoit ses ressources.

Mentionnons encore Eben Héer, asile destiné aux enfants pauvres souffrant de maladies chroniques et incurables, ainsi qu’à des femmes paralysées ; L’Asile Boissonnet, fondé en 1873, par Mme Boissonnet, en souvenir de son fils tué en Valais par une avalanche ; cet établissement, situé à Vennes, est destiné à recevoir des valétudinaires des deux sexes ; L’Asile des vieillards, fondé en 1887, possède, à Chailly, un bel immeuble, où sont reçus des invalides de l’un et l’autre sexe. Trois autres établissements encore s’occupent des personnes auxquelles leur santé ne permet plus de gagner leur vie : c’est, d’une part, la Société pour le soulagement des incurables, fondée en 1827, qui relève de l’initiative privée ; c’est, d’autre part, l’Établissement cantonal des incurables et vieillards infirmes, institué par décret du Grand Conseil du 5 juin 1850 ; c’est, enfin, la Chambre lausannoise des pauvres habitants, dont la création remonte au dix-huitième siècle. Ces trois institutions placent leurs protégés en pension ou leur donnent des secours réguliers à domicile.

Citons aussi la Société pour réprimer les abus de la mendicité, fondée en 1853 ; le Bureau central de bienfaisance fondé en 1854, et la Buanderie Haldimand, dont J.-J. Lochmann[2] a été l’âme pendant de longues années.

  1. Pour renseignements plus complets nous renvoyons le lecteur aux articles que nous avons consacrés à Henri Hirzel dans la Famille de 1905, pages 337 et 361, Georges Bridel & Cie, éditeurs, et à la Notice historique sur l’Asile des aveugles de Lausanne que nous avons publiée chez MM. Corbaz & Cie, imprimeurs, en 1894, à l’occasion du jubilé de cet établissement.
  2. Né en 1802, à Hanau près de Francfort, d’une famille d’origine française, J.-J. Lochmann vint en Suisse en 1827, et acquit la naturalisation vaudoise en 1834. Grâce à l’accueil que lui fit Ch. Monnard, il ne tarda pas à trouver de l’occupation comme professeur à l’École normale ; il enseigna dans la suite au Collège de Rolle, puis au Collège cantonal. Il est mort dans sa quatre-vingt-seizième année. Il fit partie du Comité des écoles enfantines et de la Société vaudoise d’utilité publique ; il a été l’un des fondateurs de la Colonie agricole de Serix et de la Colonie du Châtelard. Étranger au canton de Vaud par sa naissance, il a rendu de grands services à la ville.