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CONQUÊTE BERNOISE

Berne, les bourgeois de Lausanne se berçaient de l’espoir de pouvoir, comme les Genevois, se débarrasser de leur évêque et acquérir une indépendance complète ; mais Leurs Excellences ne l’entendaient pas ainsi. Après un séjour de trois semaines à Berne, Nægueli
Abside et clocher de l’église de Saint-François.
se met de nouveau en marche, avec une colonne de 1500 hommes, et met le siège devant Chillon, qui se rendit le 28 mars 1536.

Chillon pris, le général bernois marche sur Lausanne ; le 31 mars, il franchit la Veveyse, qui formait la limite des terres épiscopales. Le prince-évêque, Sébastien de Montfalcon, s’enfuit à Fribourg. Le même jour, l’armée bernoise fit une entrée solennelle dans la ville « impériale » de Lausanne. Les magistrats reçurent « leurs bons alliés » avec de grands honneurs. Le lendemain, 1er avril, dit l’historien Verdeil, les illusions qui égaraient les Lausannois s’évanouirent a jamais : Nægueli prit possession du château Saint-Maire, fit enlever l’écusson de la maison de Montfalcon et les insignes de la puissance épiscopale, et arbora à leur place le drapeau aux couleurs rouge et noire avec l’effigie de l’ours. Il prononça la déchéance de l’évêque, et proclama la ville de Berne souveraine de tous les droits temporels reconnus aux évêques du diocèse de Lausanne. Cette violation du traité de combourgeoisie de 1525, faite au mépris de leurs prérogatives impériales, plongea le Conseil et les bourgeois dans la consternation. Ceux qu’ils avaient accueillis en amis, à qui ils avaient loyalement fourni du secours lors du siège d’Yverdon, leur parlaient en maîtres. Ils protestèrent, mais en vain.

Lausanne, dit l’historien Verdeil, par ses irrésolutions, par sa faiblesse, avait perdu tout droit d’être écoutée ; elle devait désormais obéir à la bourgeoisie de Berne. Les députés de Zurich, Bâle, Schaffhouse, Saint-Gall et Genève, venus à