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LAUSANNE À TRAVERS LES ÂGES

Cet abus de pouvoir souleva une indignation générale ; il devait contribuer, quelques années plus tard, à la chute du régime de 1845. Le chemin de fer d’Oron-Fribourg ne s’en construisit pas moins ; il fut inauguré par de splendides fêtes, le 4 septembre 1862. Par une délibération du 27 mai 1859, le Conseil communal, sur la proposition de la Municipalité, décida de souscrire 1200 actions de 500 francs du chemin de fer de Lausanne à Fribourg et frontière bernoise : cette fois-ci, le gouvernement n’y fit pas opposition.

Le Conseil d’État lui-même n’avait pas tardé, du reste, à se rendre compte qu’il avait fait fausse route. La mise sous régie, ordonnée par arrêté du 29 octobre 1856, fut rapportée par arrêté du 28 décembre 1856. Les élections de 1857 appelèrent à la présidence de la Municipalité l’ancien syndic Dapples[1] qui était l’un des promoteurs de la construction de la ligne Lausanne-Romont-Fribourg-Berne.

Depuis ce conflit, les rapports entre le gouvernement et la ville de Lausanne ont été en s’améliorant d’année en année. Plusieurs faits témoignent de ce rapprochement : mentionnons les sacrifices auxquels le canton a consenti pour la restauration de la cathédrale ; la création, à Lausanne, en 1874, d’une école cantonale d’agriculture, qui a contribué à faire tomber bien des préventions que les campagnards entretenaient à l’égard des citadins ; le bon vouloir que le Grand Conseil a montré en 1876 en proposant aux autorités fédérales Lausanne comme place d’armes pour les écoles d’infanterie de la première division ; enfin et surtout la transformation de l’Académie en Université. On sait que la ville, ensuite de convention passée avec l’État en date du 3 août 1888, a pris à sa charge la construction d’un bâtiment universitaire. Le coût de ce bel édifice s’est élevé, y compris le prix du terrain, à la somme de 4 460 000 francs dont les ⅘ ont été supportés par la dotation de Rumine[2] et le solde par la Bourse communale.

On peut différer d’opinion sur l’emplacement qui a été choisi pour la construction du Palais de Rumine, mais l’on ne saurait contester que la création de l’Université a donné au développement de la ville de Lausanne un élan merveilleux qui réagit heureusement sur l’ensemble du canton. Le Conseil d’État, et spécialement M. Eugène Ruffy, comme chef du département de l’instruction publique, ont fait preuve, en cette circonstance, d’une remarquable perspicacité. Le Grand Conseil, de son côté, a montré une réelle largeur de vues. Au nom des autorités communales et au nom de la population de Lausanne, nous nous faisons un devoir de leur exprimer ici notre gratitude.

Le rapprochement que nous signalons, entre Lausanne et le canton de Vaud, s’est encore accentué lors des belles fêtes du 24 janvier 1898, du 14 avril et des 4, 5 et 6 juillet 1903, par lesquelles le canton de Vaud, unanime, a célébré le centenaire de son indépendance politique. Les représentations du Peuple

  1. Édouard Dapples, démissionnaire en 1848, avait été remplacé par Victor Gaudard ; il succéda à ce dernier le 7 décembre 1857. Il quitta la Municipalité en 1867 et eut pour successeur Louis Joël.
  2. Pour ce qui concerne la dotation de Rumine, voir plus loin la notice intitulée Statistique et services publics.