Page:Collectif - Le Livre rose vol 2.pdf/339

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épouvanté, car, malgré ses traits livides et décomposés, il reconnaît sa fille. Il veut fuir ; elle lui fait un geste impérieux, et ce geste solennel d’un mourant, comme par un pouvoir magique, le glace, le pétrifie. Elle étend la main ; d’un doigt qu’elle dirige dans diverses parties de l’appartement, elle force ses yeux à se fixer sur les objets qu’elle lui montre tour à tour.

« Mon père, dit-elle, d’une voix entrecoupée par le râle de la mort, soyez le bienvenu au banquet de l’agonie, au repas d’un éternel hyménée… C’est vous qui en avez fait les principaux frais… il est juste que vous en admiriez les fruits… Voyez-vous cet innocent enfant livré depuis plus d’une heure au repos du néant, c’est le chevalier ; à son côté le vicomte dort aussi pour ne plus se réveiller ! une minute encore, et le fils et la fille de Jacques iront les joindre. Charles a pré paré le poison ; c’est moi… moi qui le leur ai donné !!! »

Louise Leneveux.