Page:Collectif - Le Livre rose vol 2.pdf/366

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suffit qu’on s’en reconnaisse la vocation ; et dans le cas où elle serait faible, un valet de chambre bien appris doit, en vous donnant vos gants et votre canne, ajouter avec respect : « Et que monsieur ait la bonté de se rappeler qu’il imite Byron. »

Garnier, selon ses facultés, avait fait à tout cela quelques petites modifications. La tranquillité de ses occupations et l’éloignement de son quartier ne lui permettaient pas de mépriser les hommes. J’ai dit, d’autre part, qu’il avait peu de dettes ; il ne faisait point de vers et détestait les ours et les pintades. En outre, chose importante, il n’avait pas de maîtresse, point de gastrite et un seul habit. En un mot, il n’avait de notablement commun avec le noble lord que les bras et les jambes, encore ne puis-je parler que d’une seule, Garnier étant d’une construction ordinaire et très-ferme sur ses deux larges pieds.

Quoi qu’il en soit, le sort avait réservé à cette douce et bonne créature un de ses coups les plus frappans. Deux incidens d’une faible importance déterminèrent l’épisode le plus critique de sa vie. Ceux qui liront cette histoire verront qu’il était né pour justifier deux proverbes opposés l’un à l’autre, et ils ne s’en étonneront pas, puisque tous les proverbes ont leur contraire, et que la sagesse des nations s’arrange toujours, quand on la consulte, pour répondre oui et non tout