Page:Collectif - Revue canadienne, Tome 1 Vol 17, 1881.djvu/392

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ment pour s’y fixer, ou tout au moins y trafiquer et « s’habituer » avec les Sauvages ? Ne sait-on pas que la plupart des découvreurs officiels voyagent en pays connu ? Mackenzie découvrit (1789) une partie du nord-ouest, couchant chaque soir dans les fermes canadiennes échelonnées le long de sa route.

Étudions l’ensemble de notre histoire à cet égard et nous cesserons de croire à la trouvaille du Mississipi accomplie en une seule course — comme Alexandre Dumas a découvert la Méditerranée.

Le jour où Jolliet et Marquette saisirent l’aviron pour nager vers le « futur grenier du genre humain » (Fréchette) ils voulaient simplement confirmer, par des documents authentiques à l’usage des ministres, ce que l’expérience des « voyageurs » avait rendu patent depuis l’époque de Nicolet et de Chouart.

Ce dernier avait été suivi de près. En 1665, le Père Allouez, étant au fond du lac Supérieur, recueillit des renseignements nombreux sur les peuples du Mississipi. Colbert et Talon prenaient, dès lors, un vif intérêt à tout ce qui concernait le grand fleuve du sud. En 1669, le Père Dablon qui prêchait dans le Wisconsin, parlait de se rendre au Mississipi. En 1671 ou 1672, les autorités de la Nouvelle-France tournaient sans cesse leurs regards de ce côté, d’où venaient depuis si longtemps, des pelleteries, et où les missionnaires, les traiteurs, les coureurs de bois, se répandaient davantage d’année en année.

« La nouvelle de la découverte (1673) du Mississipi, dit Grarneau, fit une grande sensation en Canada, quoiqu’on y fut accoutumé depuis longtemps à de pareils évènaments, et qu’il ne se passât pas d’année sans qu’on annonçât l’existence de nouvelles contrées et de nouvelles nations… On formait déjà de vastes projets… Toutefois, comme on (Jolliet et Marquette) n’avait pas descendu le Mississipi jusqu’à l’océan, il restait quelque doute ; on ne connaissait point le pays que le fleuve traverse au-dessous de l’Arkansas, et les conjectures que l’on formait sur la configuration de l’Amérique dans cette latitude, pouvaient être erronées. »

Jolliet et Marquette avançaient d’un pas la géographie,