Aller au contenu

Page:Collectif - Revue canadienne, Tome 2 Vol 18, 1882.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en rapport avec le caractère du sujet et de ses développements, éviter, surtout au début, les jeux de mutations, les réservant avec toute la puissance de l’orgue pour l’apogée des développements canoniques, et surtout la coda qui est comme l’Amen réunissant toutes les voix de l’assistance à la fin de la prière liturgique.

Abstraction faite des ressources instrumentales de l’orgue et des moyens mécaniques particuliers au clavier de Récit, l’accentuation, comme le phraser, peut être produite par le seul contraste résultant de notes tenues et détachées.

L’effet de l’accent est perceptible dans une série de notes ou d’accords convenablement articulés et disposés quant au rythme et aux temps forts ou faibles de la mesure.

Ainsi une note, de la valeur d’une blanche par exemple, articulée au premier temps de la mesure et rigoureusement prolongée sur la note suivante qu’on aura réduite de moitié, produira l’effet d’un véritable sforzato, parce que la seconde note semblera perdre en intensité ce qu’on lui aura enlevé en durée comparative.

L’accent peut encore être produit par l’addition momentanée d’un registre plus fort ou plus aigu, ainsi que par l’abaissement subit de la pédale-expression ; mais ces procédés ne doivent servir qu’à certaines notes très saillantes, à quelques syncopes, etc. ; trop fréquents, ils gêneraient singulièrement l’exécution.

Une gradation habilement ménagée de registres doux et forts convient aux tenues, aux points-d’orgue, à une série de traits successivement modifiés, comme serait par exemple un crescendo obtenu par l’addition d’un nouveau registre à toutes les deux, quatre ou huit mesures.

Le clavier de Récit convient de préférence aux nuances délicates et de détails ; la pédale destinée à ces nuances doit être contrôlée avec le plus grand soin dans son action ascendante ou descendante.

Quand la nature des passages ne l’exige pas, et, en l’absence des signes usuels, il faut faire un usage très discret de la pédale expressive, parce qu’elle a l’inconvénient d’occuper le pied droit au détriment de la pédale obligée.

R. O. Pelletier.


(À continuer).