Page:Collectif - Revue de métaphysique et de morale, numéro 5, 1913.djvu/120

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négatif des expériences de Rayleigh et de Brace, il fallait admettre que, non seulement tous les corps se contractent de la même façon à la mise en mouvement, mais encore que toute inertie devait varier avec la vitesse comme celle des particules cathodiques, et que, pour toute espèce de mobile, électrisé ou non, les lois de la mécanique rationnelle ne représentaient plus qu’une première approximation.

Au cours de nos conversations, pendant la semaine qu’il me donna la joie de passer seul avec lui en 1904, dans les vastes plaines de l’Amérique du Nord, au retour du Congrès de Saint-Louis, j’eus l’occasion de voir avec quel intérêt passionné Henri Poincaré suivait toutes les phases de la révolution qui s’accomplissait ainsi dans nos conceptions les plus fondamentales. Il voyait avec un peu d’inquiétude ébranler, grâce aux instruments forgés par lui-même, le vieil édifice de la dynamique newtonienne qu’il avait récemment encore couronné par ses admirables travaux sur le problème des trois corps et la forme d’équilibre des corps célestes. Mais si son enthousiasme était plus réfléchi que le mien, Poincaré était, comme nous tous, dominé par la fièvre d’entrer dans un monde entièrement nouveau.

Peu de temps après notre retour, il contribuait à rendre moins singulières les conséquences auxquelles aboutissait Lorentz, et montrait que la contraction de l’électron en mouvement est précisément celle qu’exige son équilibre si on suppose que la charge superficielle qu’il porte, et dont les éléments tendent à se disperser par répulsion mutuelle, est maintenue par une pression uniforme constante de l’éther, la pression de Poincaré. Au repos, par raison de symétrie, la figure d’équilibre est sphérique ; en mouvement, les actions électrodynamiques entre les différents éléments de la charge sont modifiées ; l’équilibre entre elles et la pression constante extérieure exige que l’électron se contracte précisément de la manière indiquée par Lorentz.

L’illustre physicien hollandais avait rendu compte du résultat négatif des expériences tentées pour mettre en évidence le mouvement d’ensemble de la Terre, en montrant que les équations fondamentales de sa théorie reprennent la même forme pour divers systèmes en mouvement uniforme les uns par rapport aux autres, à condition qu’il existe des relations convenables entre les mesures d’une même grandeur effectuées par des observateurs liés à ces