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Page:Collesson - Memoires de madame Du Hausset.djvu/80

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personne savoit que c’étoit le roi qui étoit le père. « Je ne le crois pas, dit-elle ; mais, comme il a paru aimer celle-ci, on a craint qu’on ne se soit trop empressé de le lui apprendre. Sans cela, on dit à elle et aux autres, dit-elle en levant les épaules, que c’est un seigneur polonois, parent de la reine, et qui a un appartement au château. Cela a été imaginé à cause du cordon bleu, que le roi n’a pas souvent le temps de quitter, parce qu’il faudroit changer d’habit, et pour donner une raison de ce qu’il a un logement au château, si près du roi. » C’étoient deux petites chambres, du côté de la chapelle, où le roi se rendoit de son appartement sans être vu que d’une sentinelle qui avoit ses ordres, et qui ne savoit pas qui passoit par cet endroit. Le roi alloit quelquefois au Parc aux Cerfs ou recevoit ces demoiselles à l’appartement dont j’ai parlé.

Je m’arrête ici pour faire mention d’une singulière aventure qui n’est sue que de six ou sept personnes, maîtres ou valets. Dans le temps de l’assassinat du roi, une jeune fille qu’il avoit vue plusieurs fois, et à qui il avoit marqué plus de tendresse qu’à une autre, se désespéroit de cet affreux événement. La mère abbesse (car on peut appeler ainsi celle qui avoit l’intendance du Parc aux Cerfs) s’aperçut de la douleur extraordinaire qu’elle témoignoit, et fit si bien qu’elle lui fit avouer qu’elle savoit que le seigneur polonois étoit le roi de