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III

tenir la phrase parlée en accord avec la phrase chantée. Plus d’une fois, j’ai été pris de « désespoir » à me trouver chargé de régler ce duel corps à corps des mots et des notes. Mais quelques-uns des textes (dont le maître prenait la peine de m’indiquer lui-même le sens) m’ont assez charmé pour soutenir mon courage. Que dis-je ? J’ai conçu la pensée de faire partager l’agrément de mes découvertes. Pour cela, à côté et en plus de l’adaptation musicale proprement dite, j’ai tenté de revêtir de la forme poétique françaises quelques-unes des idées russes qui m’avaient séduit. Telle est l’origine de ces petits essais.

Assurément, je ne me flatte pas d’avoir su triompher des périls reconnus et proclamés redoutables par les juges les plus compétents — dont la parole me vaudra, sans doute, le bénéfice des circonstances atténuantes. — D’ailleurs, j’ai plutôt voulu imiter que traduire ce qui est déclaré presque intraduisible. Sans m’écarter, je le crois, de la pensée de mes modèles, j’ai pu, dans l’expression, éprouver parfois une tentation de paraphrase, pour faire durer le plaisir, d’abord, et parce que la