Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/159

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der pendant quelques minutes un silence dont j’avais besoin afin de me calmer. Le domestique envoyé à la recherche d’Anne Catherick et de mistress Clement, revint au rapport, et fut immédiatement introduit dans la salle à manger.

— Eh bien ! dit M. Gilmore, qu’avez-vous découvert ?

— J’ai découvert, monsieur, répondit cet homme, que les deux femmes ont pris ici, à notre station, des billets pour Carlisle.

— Naturellement vous êtes parti pour Carlisle, sachant une fois ceci ?

— En effet, monsieur ; mais je regrette de vous dire que je n’ai pu trouver, plus loin, aucune trace des deux voyageuses.

— Vous avez pris vos renseignements au chemin de fer ?

— Oui, monsieur.

— Aux différentes auberges ?

— Oui, monsieur.

— Et vous avez laissé au bureau de police un exposé de faits que j’avais rédigé pour vous ?

— Je l’ai remis, monsieur.

— Eh bien ! mon ami, vous avez fait tout ce que vous pouviez ; et j’ai fait, moi, tout ce que je pouvais. Jusqu’à nouvel ordre, par conséquent, les choses resteront où elles en sont… Nous avons joué nos atouts, monsieur Hartright, continua le vieux gentleman, quand le domestique se fut retiré. Du moins, pour l’instant, ces dames ont mieux manœuvré que nous, et nous n’avons plus maintenant qu’à espérer, pour lundi prochain, l’arrivée ici de sir Percival Glyde… Voyons !… ne remplirai-je plus votre verre ?… Voilà ce que j’appelle une bonne bouteille de Porto, — un vieux vin, robuste, qui réconforte… J’en ai pourtant de meilleur au fond de ma cave…

Nous rentrâmes au salon, dans ce salon où j’avais passé les plus heureuses soirées de ma vie ; dans ce salon où, lorsque celle-ci serait passée, je ne devais plus « la » revoir jamais !… Depuis que les jours avaient raccourci, depuis que le temps était devenu froid, l’aspect de cette