par le prendre au mot, et lui redemander sa liberté. Un homme de mon âge et de mon expérience n’aurait pas dû se laisser aller à des inspirations si contradictoires et si déraisonnables. Je ne prétends donc pas m’excuser ; mais je ne puis m’empêcher de dire la vérité, la vérité comme elle est.
L’heure de mon départ approchait, maintenant. J’envoyai dire à M. Fairlie que j’irais, s’il le souhaitait, prendre ses ordres, mais que j’étais un peu pressé. Il me renvoya une réponse, tracée au crayon sur une bande de papier : « Bonne amitié, cher Gilmore, et vœux de toute sorte ! Je ne puis supporter aucune espèce de hâte ; il en résulte pour mes malheureux nerfs un préjudice inexprimable. Prenez bien soin de vous, et adieu ! »
Au moment même de partir, je vis miss Halcombe, un instant, seule à seul.
— Avez-vous dit à Laura tout ce que vous désiriez ? me demanda-t-elle.
— Oui, répondis-je. Elle est très-faible et très-nerveuse ; — je suis fort aise qu’elle vous ait pour prendre soin d’elle…
Les yeux pénétrants de miss Halcombe étudiaient attentivement mon visage.
— Vos opinions sur le compte de Laura sont quelque peu changées, me dit-elle. Vous êtes plus disposé que vous ne l’étiez hier à lui concéder quelque chose…
Un homme d’esprit ne s’engage jamais, sans préparation, dans une partie d’escrime verbale avec une femme. Aussi me bornai-je à répondre :
— Tenez-moi au courant de ce qui arrivera… Je ne ferai rien avant d’avoir entendu parler de vous…
Elle continuait à me regarder fixement.
— Je voudrais que tout cela fût fini ; et bien fini, monsieur Gilmore ; — vous le voudriez comme moi… À ces mots, elle me quitta.
Sir Percival insista fort poliment pour me reconduira jusqu’à la portière de la voiture.
— Si jamais vous venez dans mes environs, dit-il, n’oubliez pas, je vous prie, que je désire sincèrement cultiver