Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/244

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ment sous leur toit. En d’autres termes, il faudra, pour la première fois de ma vie, solliciter une faveur personnelle, et la solliciter de celui-là même à qui je voudrais le moins, ici-bas, avoir une obligation quelconque. Soit, cependant. Pour Laura, je ferais encore bien autre chose.

« 2 décembre. » — Quand je me relis, je m’aperçois que je parle toujours de sir Percival en termes assez peu flatteurs. Vu le tour que les affaires ont pris, je dois et je veux déraciner en moi les préventions défavorables que j’ai conçues contre lui. Je ne saurais dire comment elles s’y sont formées tout d’abord. Au début de nos relations, elles n’existaient certainement pas. Est-ce la répugnance que Laura témoigne à devenir sa femme qui me monte ainsi contre lui ? Ou bien, sans le savoir, me serais-je laissée gagner par les préjugés, bien aisés à comprendre, de notre pauvre Hartright ? Ou bien encore serait-ce qu’en dépit des explications de sir Percival, et malgré la preuve que j’ai acquise de leur sincérité, cette lettre d’Anne Catherick m’a laissé un arrière-fond de méfiance dont je ne puis me défaire ? Je ne sais, et ne pourrais rendre compte des sentiments qui m’agitent encore. Une seule chose est bien certaine à mes yeux, c’est qu’il est de mon devoir, — doublement de mon devoir, à présent, — de ne point faire tort à sir Percival en me méfiant de lui sans raison. Si j’ai contracté l’habitude de le maltraiter invariablement, dans ce que j’écris ici de lui, je dois et veux rompre avec cette tendance indigne de moi, dussé-je, pour en venir là, clore mon « Journal » jusqu’à ce que le mariage ait eu lieu ! Je suis sérieusement mécontente de moi-même, — je n’écrirai plus d’aujourd’hui.

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« 16 décembre. » — Toute une quinzaine s’est écoulée sans que je rouvrisse ces pages. Voici assez longtemps que j’ai quitté mon « Journal, » pour le reprendre maintenant, j’espère, dans des dispositions plus saines et plus bienveillantes à l’égard de sir Percival.