Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/250

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mariage de Laura. Il aura pour résultat, selon toute apparence, d’apaiser les animosités de famille. Jusqu’ici, madame Fosco a voulu mettre en oubli ses devoirs de tante envers Laura, par suite de la rancune que lui avait laissée la conduite de M. Philip Fairlie dans cette vieille affaire du legs des dix mille livres. Elle sera forcée, désormais, de renoncer à cette ligne de conduite.

Sir Percival et le comte Fosco sont liés depuis longtemps par la plus étroite amitié ; il faudra nécessairement que de bons rapports s’établissent entre leurs femmes. Madame Fosco, avant son mariage, était une des plus impertinentes pécores que j’aie rencontrées jamais, — capricieuse, exigeante, et vaine de sa personne jusqu’au ridicule le plus absurde. Si le mari qu’elle s’est donné a pu la rappeler à elle-même, il mérite la reconnaissance de tous les membres de la famille, — et, pour commencer, il peut compter sur la mienne.

Je me prends à désirer vivement de faire connaissance avec le comte. C’est l’ami le plus intime qu’ait le mari de Laura, et, à ce titre, il m’inspire un profond intérêt. Ni Laura ni moi ne l’avons jamais vu. Tout ce que je sais de lui, c’est qu’il y a bien des années, sa présence fortuite sur les degrés de la « Trinita del Monte, » à Rome, empêcha sir Percival d’être volé et assassiné, le jour même où il reçut cette blessure à la main qui, l’instant d’après, eût pu être suivie d’une « coltellata » en pleine poitrine. Je me souviens aussi, qu’à l’époque où feu M. Philip Fairlie opposait tant d’objections absurdes au mariage de sa sœur, le comte lui écrivit à ce sujet une lettre fort mesurée, fort spirituelle, et qui, j’ai honte de le dire, demeura sans réponse. Voilà tout ce que je sais de l’ami de sir Percival. Je demande si jamais nous le verrons en Angleterre ; je me demande si j’aurai du goût pour lui.

Ma plume divague volontiers dans ces champs obscurs de l’avenir. Revenons aux faits actuels, toujours un peu moins chimériques. Il est certain que l’accueil fait par sir Percival à ma hasardeuse proposition de m’établir auprès de sa femme, a été mieux que bon, il a été presque tendre.