Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/313

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— Amené ?… Où l’amenait-t-elle ?

— Chez vous, je pense.

— Et que diable venait faire chez moi mistress Catherick ?…

L’accent qu’il donnait à cette question me blessa plus encore que la manière dont il l’avait rédigée. Je tâchai de lui faire sentir qu’il venait de manquer à la politesse la plus vulgaire, en m’écartant de lui sans ajouter un mot.

Dès mon premier pas, la main caressante du comte se posa sur l’épaule de sir Percival, et la voix mielleuse du comte s’entremit pour le calmer :

— Doucement, mon cher ! — doucement, je vous prie !…

Sir Percival roulait encore de tous côtés ses regards les plus farouches. Le comte ne fit qu’en sourire, et renouvela l’application du calmant.

— De la douceur, mon bon ami ! — De la douceur, au nom du ciel !…

Sir Percival hésita, — me suivit à quelques pas — et, non sans me surprendre beaucoup, m’adressa des excuses.

— Je vous demande bien pardon, miss Halcombe, disait-il ; je suis un peu mal en train depuis quelque temps, et je crains d’avoir les nerfs agacés. Mais je voudrais bien savoir ce qui a pu motiver la visite de mistress Catherick. Quand donc est-elle venue ? N’a-t-elle vu que la femme de charge ?

— Autant que j’ai pu le savoir, répondis-je, elle n’a vu personne autre…

Le comte s’entremit de nouveau.

— En ce cas, dit-il, pourquoi ne pas questionner la femme de charge ? Pourquoi ne pas remonter, Percival, à la véritable source des informations ?

— C’est vrai, dit sir Percival. La femme de charge est tout naturellement la première qu’on doive interroger. Il est stupide à moi de ne pas y avoir pensé sur-le-champ…

À ces mots, il nous quitta sans retard pour retourner au château.