Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/419

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L’étincelle, pendant un instant, demeura stationnaire ; puis je la vis s’en retourner dans la direction du chemin qu’elle avait pris pour venir. Comme je tâchais de ne pas la perdre de vue, j’aperçus une seconde étincelle rouge, plus forte que la première, et qui s’en rapprochait peu à peu.

Toutes deux se rencontrèrent dans l’obscurité. Me rappelant qui fumait des cigarettes, et qui des cigares, je conclus immédiatement que le comte était sorti le premier pour venir aux aguets sous ma fenêtre, et que sir Percival, ensuite, l’avait rejoint ; ils avaient dû tous les deux marcher sur la pelouse, — sans quoi, j’aurais entendu, bien certainement, les pas pesants de sir Percival, encore que, même sur le sable, la marche féline du comte eût bien pu m’échapper.

Je demeurai paisiblement à la croisée, certaine que, dans cette pièce sans lumière, ni l’un ni l’autre ne pouvait me voir.

— Qu’y a-t-il donc ? disait sir Percival dont je reconnus la voix, bien qu’il en baissât le ton. Pourquoi ne revenez-vous pas ! Le moment est arrivé de causer à notre aise !

— Je voudrais que cette fenêtre cessât d’être éclairée, répondit le comte fort doucement.

— En quoi vous gêne cette lumière ?

— Elle me dit que tout le monde n’est pas couché. Or « la personne » est assez rusée pour soupçonner quelque chose, et assez hardie, si elle en avait la chance, pour descendre et venir écouter… Un peu de patience, Percival, un peu de patience !

— Ah ! bah !… vous ne parlez jamais d’autre chose.

— Le moment est venu où vous ne me ferez plus ce reproche. Vous êtes, mon bon ami, au bord d’un précipice domestique ; et si je vous laisse donner une chance de plus à ces femmes, ma parole d’honneur, elles vous y jetteront la tête la première !

— Que diable voulez-vous dire ?

— Il sera temps de s’expliquer, Percival, quand cette fenêtre ne sera plus éclairée, quand j’aurai pu donner un petit coup-d’œil aux chambres qui tiennent à la biblio-