Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/494

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non sans manifester une extrême indignation sur la manière dont le comte Fosco en agissait envers lui, — avait envoyé sa note de visites dès le lendemain.

Nous demeurions, désormais, privées de toute assistance médicale. Bien qu’il ne fût pas rigoureusement nécessaire de mander un autre docteur, — puisque, selon le médecin de Londres, miss Halcombe n’avait besoin que de surveillance et de soins, — j’aurais néanmoins demandé si l’on m’eût fait l’honneur de me consulter là-dessus, l’assistance de quelqu’autre homme du métier, ne fût-ce que pour observer les formes.

Sir Percival n’envisagea pas ainsi la question. Il dit qu’on aurait toujours le temps de mander un autre médecin, si miss Halcombe donnait le moindre signe d’une rechute. Nous pouvions, en attendant, recourir aux conseils du comte pour toutes les difficultés de détail ; et il ne fallait pas, sans nécessité, imposer à notre malade, dans son état actuel de faiblesse et d’ébranlement nerveux, la présence d’une personne étrangère. Il y avait, sans nul doute, dans ces considérations, beaucoup de choses raisonnables ; et pourtant elles me laissèrent un peu d’inquiétude. Je n’étais pas non plus sans scrupule, au dedans de moi, sur la convenance de laisser ignorer à lady Glyde, ainsi que nous le faisions, la retraite du docteur. C’était là, je l’admets, une déception charitable, — car elle n’était pas en état de supporter de nouveaux tourments. Mais enfin, c’était une déception ; et comme telle, aux yeux d’une personne professant des principes pareils aux miens, ce procédé devait paraître au moins équivoque.

Une autre circonstance, également embarrassante, qui se produisit le même jour et me prit tout à fait au dépourvu, ajouta beaucoup à l’état de malaise sous lequel se débattait mon esprit.

Sir Percival me fit dire d’aller le trouver dans la bibliothèque. Le comte, qui était avec lui au moment où j’entrai, se leva immédiatement et nous laissa tête à tête. Sir Percival m’engagea poliment à prendre un siège ;