Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/504

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— Parce que votre oncle ne veut vous recevoir qu’après avoir conféré avec votre sœur, repartit celui-ci. Avez-vous donc oublié la lettre qu’elle a reçue de lui, tout au début de sa maladie ?… On vous l’a montrée ; vous l’avez lue de vos yeux, et vous devez vous la rappeler.

— Je me la rappelle.

— En ce cas, pourquoi vous étonnez-vous qu’elle vous ait laissée ici ? Vous désirez retourner à Limmeridge ; elle y est allée pour vous obtenir l’agrément de votre oncle, aux conditions qu’il voudra stipuler…

Les yeux de la pauvre lady Glyde se remplirent de larmes.

— Marian, dit-elle, jamais ne m’a quittée sans me faire ses adieux.

— Elle vous les aurait faits de même cette fois-ci, reprit sir Percival, si elle n’avait eu peur et d’elle et de vous. Elle savait que vous tenteriez de la retenir ; elle savait que vous l’affligeriez par vos larmes. Avez-vous encore d’autres objections à me faire ? S’il en est ainsi, vous n’avez qu’à descendre, et vous me questionnerez dans la salle à manger… Tous ces tracas me bouleversent. Il me faut un verre de vin…

Là-dessus, tout à coup, il nous quitta.

Pendant tout le cours de cette bizarre conversation, l’attitude de sir Percival avait été tout autre que d’ordinaire. Il semblait, par moments, presque aussi nerveux, presque aussi agité que sa femme elle-même. Je n’aurais jamais supposé qu’il eût une santé si délicate, un sang-froid si facile à ébranler.

Je voulus ramener lady Glyde dans sa chambre, mais tous mes efforts à cet égard demeurèrent inutiles. Elle restait dans le corridor, avec l’air d’une femme dont une panique soudaine a frappé l’esprit.

— Il est arrivé quelque chose à ma sœur ! disait-elle.

— Veuillez vous rappeler, milady, de quelle surprenante énergie miss Halcombe a donné des preuves, lui suggérai-je pour la rassurer. Elle peut bien avoir tenté