Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/606

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avait suivi son départ de Limmeridge ; et à partir de là, par des questions serrées et pressantes, je l’amenai, de point en point, jusqu’à l’époque où Anne avait disparu.

Voici, en substance, les informations que je pus recueillir ainsi :

En quittant la ferme de Todd’s-Corner, mistress Clements et Anne avaient poussé, le même jour, jusqu’à Derby, où elles étaient restées à peu près une semaine, à cause de la situation où se trouvait Anne. Elles étaient ensuite parties pour Londres, où elles habitèrent alors, pendant un mois environ, le logement occupé par mistress Clements : des circonstances sans intérêt, relatives à la maison et à son propriétaire, les obligèrent ensuite de changer de résidence. La peur qu’avait Anne d’être découverte, soit à Londres, soit aux environs, chaque fois qu’elle se hasardait à sortir, avait peu à peu gagné mistress Clements ; elle se décida, en conséquence, à se retirer dans l’un des endroits les plus écartés de l’Angleterre, la petite ville de Grimsby, dans le Lincolnshire, où feu son mari avait passé toute sa jeunesse. Les parents qu’il y avait laissés étaient des gens respectables, bien établis dans la ville ; ils avaient toujours traité mistress Clements avec beaucoup de bienveillance ; aussi avait-elle cru ne pouvoir mieux faire que de se retirer auprès d’eux et d’agir selon leurs avis. Anne ne voulait pas entendre parler de retourner à Welmingham, auprès de sa mère, parce que c’était de là qu’on l’avait conduite à l’hospice, et parce que sir Percival devait certainement venir l’y chercher. Cette objection était sérieuse, et mistress Clements comprenait fort bien qu’elle n’en pouvait faire bon marché.

C’est à Grimsby que, chez Anne, s’étaient manifestés les premiers symptômes un peu graves de la maladie dont elle portait le germe. Ils devinrent tout à fait évidents, bientôt après que la nouvelle du mariage de lady Glyde, publiée dans les journaux, lui fût ainsi parvenue.

L’homme de l’art qu’on envoya chercher pour soigner la pauvre malade, reconnut immédiatement qu’il s’agissait d’un affection du cœur, déjà fort sérieuse. La mala-