Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/739

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le sentiment que Laura est en sûreté, il faut que je combatte pour ma femme. Jusque-là, Marian, sommes-nous d’accord ?

— Parfaitement, me répondit-elle.

— Je ne plaiderai pas la cause de mon propre cœur, continuai-je ; je n’invoquerai pas cet amour qui a survécu à tout ce qui pouvait ou l’ébranler ou l’user ; — je ne me prévaudrai, pour penser d’elle et parler d’elle comme si elle devait être ma femme, que de ce que je viens de dire. Si la chance que je puis avoir d’obliger le comte à une confession publique est bien, comme je le pense, la dernière que nous ayons de constater l’existence de Laura, le motif le moins égoïste que je puisse faire valoir pour notre mariage se trouve reconnu par vous comme par moi. Mais, dans cette conviction, je puis me tromper ; peut-être avons-nous à notre disposition d’autres moyens d’atteindre le même but, qui seraient moins incertains et moins dangereux. J’ai recherché, avec zèle, dans mon esprit, quels ils pouvaient être, sans en découvrir aucun. Et vous, Marian ?

— Non, j’y ai pensé aussi ; j’y ai pensé vainement.

— Selon toute probabilité, continuai-je, en méditant ce sujet délicat, les mêmes questions se sont offertes à votre esprit, qui avaient déjà préoccupé le mien. Vous vous êtes demandé si nous devions revenir avec elle à Limmeridge, maintenant qu’elle a repris son ancien aspect, et nous fier à ce que les gens du village, les enfants de l’école la reconnaîtront à coup sûr. Vous vous êtes demandé si nous en appellerions à cette preuve toute pratique que son écriture pourrait nous fournir. Supposez que nous agissions ainsi. Supposez qu’on l’ait reconnue, et que l’identité de son écriture soit établie. Ce double succès nous donnerait-il autre chose qu’une excellente base pour un procès à instituer en cour de justice ? La reconnaissance par les habitants, la preuve au moyen des écritures démontreraient-elles son identité à M. Fairlie, et la feraient-elles rentrer à Limmeridge-House, en dépit du témoignage de sa tante, en dépit du certificat des médecins, en dépit des funérailles célébrées, et de l’inscrip-