Page:Collins - La Pierre de lune, 1898, tome 2.djvu/151

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sément ce que nous connaissons le moins qui nous intrigue le plus. Je résolus donc de retrouver le nom de tous les invités ; puis, pour obvier aux défaillances de ma mémoire, je ferais appel aux souvenirs de ces personnes, je prendrais note de ce qu’elles pourraient me dire relativement au dîner et à la soirée ; enfin, je m’efforcerais de tirer une conclusion de ces faits en les réunissant à ceux qui s’étaient passés dans la maison après le départ des convives.

Je mentionne ce nouveau mode d’enquête et son bizarre imprévu que Betteredge n’eût pas manqué d’attribuer au côté français et positif de mon éducation, parce que, si incroyable que cela puisse paraître, je tenais pour la première fois le fil conducteur qui devait me guider hors de ce labyrinthe ! La journée n’était pas terminée que l’indice tant cherché me fut fourni par un des convives de la soirée en question !

La première partie de mon plan consistait à me procurer la liste complète des invités du dîner ; Gabriel Betteredge pouvait aisément me la fournir ; je me décidai donc à retourner dans le Yorkshire sur l’heure même et à y commenter mes investigations dès le lendemain. Il était trop tard pour partir par le train de l’avant-midi ; j’avais trois heures devant moi, ne pouvais-je rien faire d’utile à Londres pendant cet espace de temps ?

Mes pensées me ramenaient obstinément vers le dîner ; bien que j’eusse oublié les noms de quelques-uns des convives, je me souvenais aisément que la plupart d’entre eux habitaient Frizinghall ou ses environs ; mais d’autres à commencer par moi, étaient étrangers au pays ; puis venaient M. Murthwaite, Godfrey Ablewhite, M. Bruff ; je me trompe, une affaire avait empêché ce dernier de se réunir à nous. S’y trouvait-il des dames qui vécussent habituellement à Londres ? Autant que je pus m’en souvenir, miss Clack seule se trouvait dans ce cas. Enfin, je tenais là les noms de trois personnes qu’il était évidemment indispensable que je visse avant de quitter Londres. Je me rendis donc sur-le-champ au bureau de M. Bruff pour me procurer les adresses dont j’avais besoin. M. Bruff déclara être trop occupé pour m’accorder plus de cinq minutes de son temps ; néanmoins