Page:Collins - La Pierre de lune, 1898, tome 2.djvu/200

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« À partir de demain vous pouvez venir quand il vous plaira, monsieur Jennings, a-t-il dit en se consolidant sur ses jambes. Vous me trouverez à l’ouvrage avec le monde que je vais prendre pour m’aider. Je vous prie d’agréer mes remerciements respectueux pour les concessions que vous m’avez faites au sujet de la tenture et de l’aile cassée du Cupidon, puis aussi pour m’avoir dégagé de toute responsabilité relativement aux épingles de tapis et au désordre de la chambre de M. Franklin. En tant que serviteur, je vous suis infiniment obligé. En tant qu’homme, je vous considère comme ayant la tête bourrée d’illusions, et je tiens votre expérience pour une déception et une plaisanterie. Mais, n’en craignez pas que mon devoir comme serviteur souffre de mes sentiments privés. Quelques lubies qui vous passent par l’esprit, vous serez obéi, monsieur ; je vous obéirai ponctuellement. Si le tout se termine par l’incendie de la maison, Dieu me damne ! par exemple, si j’envoie chercher les pompiers, à moins que vous ne sonniez vous même le tocsin ou ne m’en donniez l’ordre formel ! »

Sur cette assurance donnée en guise d’adieu, il m’a salué et a quitté la chambre.

« Croyez-vous que nous puissions compter sur lui ? ai-je demandé.

— Complètement, a répondu M. Blake ; quand nous entrerons dans la maison, vous verrez que toutes vos instructions auront été suivies de point en point. »

19 juin. — Autre forme de protestation contre notre projet ! cette fois de la part d’une dame.

La poste du matin m’a apporté deux lettres : l’une de miss Verinder, qui consent de la façon la plus gracieuse à l’arrangement que j’ai soumis à son approbation ; l’autre, d’une Mrs Merridew, la dame chez qui elle habite. Mrs Merridew me présente ses compliments ; elle n’a pas la prétention de comprendre la portée scientifique du sujet que j’ai traité dans ma correspondance avec miss Verinder ; au point de vue des convenances sociales pourtant, elle se croit en droit de donner son opinion, « J’ignore sans doute, continue Mrs Merridew, que miss Verinder a à peine dix-neuf ans. Or, permettre à une si jeune fille d’assister sans la protection d’un chaperon à une expérience médicale dans une