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des propriétaires d’un des plus importants journaux politiques (Béatrix. — Splendeurs et Misères des Courtisanes). En 1845, gérant d’un journal important. Jadis homme d’esprit, « il avait fini par devenir stupide, en restant dans le même milieu ». Il parsemait son dialogue des mots célèbres des pièces en vogue, qu’il prononçait avec l’accentuation que leur avaient donnée les acteurs fameux. Gaillard possédait fort bien son Odry et mieux encore Frédérick Lemaître. Il demeurait alors rue Ménars. Il y reçut Léon de Lora, Jean-Jacques Bixiou, Sylvestre-Palafox-Castel Gazonal (Les Comédiens sans le savoir).

Gaillard (Madame Théodore), née à Alençon, vers 1800. Prénom : Suzanne. — « Beauté normande, fraîche, éclatante, rebondie ». L’une des ouvrières de madame Lardot, la blanchisseuse, en 1816, année où elle quitta sa ville natale après avoir tiré quelque argent de M. du Bousquier, en lui persuadant qu’elle était enceinte de ses œuvres. Le chevalier de Valois aimait beaucoup Suzanne ; mais il ne se laissa pas prendre au même piège. Suzanne, arrivée à Paris, y devint rapidement une courtisane à la mode. Peu de temps après son départ, elle reparut un instant à Alençon[1], comme pour y suivre l’enterrement d’Athanase Granson, et y pleura devant la mère désolée à qui elle dit en s’éloignant : « Je l’aimais ! » En même temps, d’un coup de langue, elle ridiculisa le mariage de mademoiselle Cormon avec M. du Bousquier, vengeant ainsi le défunt et le chevalier de Valois (La Vieille Fille). Sous le nom de madame du Val-Noble, elle devint célèbre dans le monde de la galanterie et de l’art. En 1821-1822, elle était la maîtresse d’Hector Merlin ; à cette époque, elle recevait Lucien de Rubempré, Rastignac, Bixiou, Chardin des Lupeaulx, Finot, Blondet, Vignon, Nucingen, Beaudenord, Philippe Bridau, Conti (Illusions perdues. — La Rabouilleuse). Après avoir été entretenue par Jacques Falleix, agent de change qui fit faillite, elle le fut, un moment, en 1830, par Peyrade, caché sous le nom de Samuel Johnson, « le nabab ». Elle était en relations avec Esther Gobseck, qui occupait, rue Saint-Georges, un hôtel aménagé pour elle, Suzanne, par

  1. Elle descendit hôtel du More, aujourd’hui café de la Renaissance, et, en 1799, auberge des Trois Maures, où se rencontrèrent, pour la première fois, Montauran et mademoiselle de Verneuil.