Page:Comédie humaine - Répertoire.djvu/213

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dès l’âge de dix ans. Il ne goûta un peu de calme et ne trouva une situation supportable qu’à Venise, vers 1813. À cette époque il fit représenter, au théâtre de la Fenice, un opéra, Mahomet, qui échoua misérablement. Néanmoins, il obtint la main de Marianina, qu’il aimait, et avec elle il parcourut l’Allemagne pour aboutir, enfin, à Paris, où il habitait, en 1834, dans un appartement misérable de la rue Froidmanteau[1]. Le musicien, théoricien émérite, ne parvenait à réaliser aucune de ses remarquables idées, et il jouait, à ses auditeurs stupéfaits, des compositions informes qu’il prenait pour de sublimes inspirations ; mais il analysait avec enthousiasme Robert le Diable : Andréa Marcosini le fit alors assister à l’une des représentations du chef-d’œuvre de Meyerbeer. En 1837, il en était réduit à raccommoder des instruments de musique, et, parfois, il allait, avec sa femme, chanter des duos, en plein vent, aux Champs-Élysées, pour recueillir quelques sous. Émilio et Massimilla de Varèse prirent particulièrement en pitié les Gambara rencontrés dans les environs du Faubourg-Saint-Honoré. Paolo Gambara n’avait de bon sens que dans l’ivresse. Il avait inventé un étrange instrument, qu’il appelait le panharmonicon (Gambara).

Gambara (Marianina), Vénitienne, femme de Paolo Gambara. — Elle mena, avec lui, une vie presque constamment misérable et, longtemps, entretint, à Paris, le ménage du produit de son aiguille. Ses clientes, rue Froidmanteau, étaient surtout des prostituées qui, d’ailleurs, étaient généreuses et pleines d’égards avec elle. De 1831 à 1836, Marianina abandonna son mari ; elle partit avec un amant, le comte Andréa Marcosini, qui l’abandonna, au bout de cinq ans, pour épouser une danseuse, et, au mois de janvier 1837, elle revint, au domicile conjugal, amaigrie, noircie, poudreuse, « espèce de squelette nerveux », reprendre une vie plus misérable encore qu’auparavant (Gambara).

Gandolphini (Prince), Napolitain, ancien partisan du roi Murat. — Victime de la dernière Révolution, il était, en 1823, proscrit et pauvre. À cette époque, il avait soixante-cinq ans et se faisait le

  1. Rue disparue depuis plus de trente ans au moins, était située sur l’emplacement actuel des magasins du Louvre.