Page:Comédie humaine - Répertoire.djvu/231

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femme et en profitait : par intérêt, on laissa croire au subdélégué et au docteur Rouget ce qu’ils voulurent au sujet de leur paternité ; de telle sorte que l’un et l’autre concoururent à l’éducation de Maxence, qu’on avait coutume d’appeler Max. En 1806, âgé de dix-sept ans, Max s’engagea dans un régiment en route pour l’Espagne ; en 1809, il fut laissé pour mort, au Portugal, dans une batterie anglaise ; pris par les Anglais et envoyé sur les pontons espagnols de Cabrera, Gilet y resta de 1810 à 1814. Quand il revint à Issoudun, son père et sa mère étaient morts à l’hospice. Au retour de Bonaparte, Max servit en qualité de capitaine dans la garde impériale. Sous la seconde Restauration, il rentra à Issoudun et devint le chef des Chevaliers de la désœuvrance, qui se livraient à de byroniennes récréations nocturnes plus ou moins agréables pour les habitants de la ville. « Max jouait à Issoudun un rôle presque semblable à celui du Forgeron dans la Jolie Fille de Perth ; il y était le champion du bonapartisme et de l’opposition. On comptait sur lui, comme les bourgeois de Perth comptaient sur Smith dans les grandes occasions ». César Borgia possible sur un terrain plus étendu, Gilet vivait alors fort bien, quoique dénué de ressources personnelles. Voici pourquoi : tenant de sa naissance ses défauts et ses qualités, Max s’installa crânement chez son prétendu frère naturel, Jean-Jacques Rouget, riche et inepte vieux célibataire que dominait une superbe servante-maîtresse, Flore Brazier, dite la Rabouilleuse. Dès 1816, Gilet régnait dans le ménage : le beau garçon avait conquis le cœur de mademoiselle Brazier. Entouré d’une sorte d’état-major où figuraient Potel, Renard, Kouski, François Hochon, Baruch Borniche, Maxence convoita désormais l’importante succession Rouget, sut merveilleusement la disputer à deux des héritiers légitimes, Agathe et Joseph Bridau, et il se l’appropriait, sans l’intervention d’un troisième, Philippe Bridau. — Max fut tué en duel par Philippe, dans les premiers jours du mois de décembre 1822 (La Rabouilleuse).

Gillé, ancien imprimeur de l’empereur ; possesseur de caractères d’écriture que Jérôme-Nicolas Séchard employait en 1819 et vantait au point de les regarder comme les pères des anglaises de la maison Didot (Illusions perdues).