Page:Comédie humaine - Répertoire.djvu/236

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le défaut d’élégance des bottines et souliers fournis (Modeste Mignon).

Gobseck (Jean-Esther van), usurier, né en 1740, à Anvers, d’une Juive et d’un Hollandais, commença par être mousse. — Il n’avait que dix ans, quand sa mère le fit embarquer pour les possessions hollandaises de l’Inde. Jean-Esther connut, aux Indes ou en Amérique, M. de Lally, l’amiral de Simeuse, M. de Kergarouët, M. d’Estaing, le bailli de Suffren, M. de Portenduère, lord Cornwallis, lord Hastings, le père de Tippo-Saïb lui-même. Il fut en relations aussi avec Victor Hughes et plusieurs célèbres corsaires, parcourut le monde, exerça tous les métiers comme tous les commerces. La passion de l’argent le prit tout entier. L’entassement de l’or et la puissance, résultat de l’avarice, lui procurèrent mille joies. Il gagna Paris, qui devint le centre de ses nombreuses affaires et s’établit rue des Grès (aujourd’hui Cujas). Là, Gobseck, araignée au milieu de sa toile, abattit la superbe de Maxime de Trailles et vit couler des larmes des yeux de madame de Restaud et de ceux de Jean-Joachim Goriot (1819). Vers la même époque, Ferdinand du Tillet recherchait l’argentier, opérait avec lui, et le saluait « l’illustre Gobseck, le maître des Palma, des Gigonnet, des Werbrust, des Keller et des Nucingen ». Jean-Esther, assuré de rencontrer son ami Bidault-Gigonnet, allait, chaque soir, jouer aux dominos au café Thémis, entre la rue Dauphine et le quai des Augustins (1824). Il s’y vit relancer (décembre de cette année) par Élisabeth Baudoyer, et lui promit son intervention : en effet, Gobseck, flanqué de Mitral, sut gagner Clément Chardin des Lupeaulx, dont le crédit sérieux détermina la nomination d’Isidore Baudoyer, successeur du chef de division Flamet de la Billardière. En 1830, Jean-Esther, octogénaire, s’éteignit sordidement, rue des Grès, bien que puissamment riche. Derville eut les recommandations dernières de l’argentier. On sait que Gobseck maria l’avoué, le reçut amicalement et ne lui ménagea pas les confidences. Quinze années après la mort du Hollandais, le boulevard parisien le qualifiait de « dernier des Romains », d’usurier vieux-jeu, ainsi que Gigonnet, Chaboisseau, Samanon, auxquels Lora et Bixiou opposaient le moderne Vauvinet (Gobseck. — Le Père Goriot. —