Page:Comédie humaine - Répertoire.djvu/492

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Scœvola (Mucius). — Derrière ce nom d’emprunt se cachait, sous la Terreur, un homme qui fut le piqueur du prince de Conti et lui dut sa fortune. Plâtrier, propriétaire d’une petite maison dans Paris vers le haut du faubourg Saint-Martin[1], près de la rue d’Allemagne, il afficha un civisme exagéré, qui masquait une fidélité persistante aux Bourbons, et il protégea mystérieusement sœur Marthe et sœur Agathe (mesdemoiselles de Beauséant et de Langeais), religieuses échappées de l’abbaye de Chelles, et réfugiées chez lui avec l’abbé de Marolles (Un Épisode sous la Terreur).

Séchard (Jérôme-Nicolas), né en 1743. — Après avoir été ouvrier dans une imprimerie d’Angoulême située place du Mûrier, bien que très illettré, il en devint le patron au moment de la Révolution ; connut à cette époque le marquis de Maucombe ; se maria avec une femme pourvue d’une certaine aisance, mais la perdit assez promptement, après avoir eu d’elle un fils, David. Sous Louis XVIII, craignant la concurrence de Cointet, J.-N. Séchard se retira en vendant son établissement à son fils qu’il trompa sciemment dans le marché, et, viticulteur ivrogne, habita Marsac, près d’Angoulême. Pendant toute la fin de sa vie, Séchard aggrava sans pitié les difficultés commerciales au milieu desquelles se débattait son fils David. Le vieil avare mourut vers 1859, laissant un avoir de quelque valeur (Illusions perdues).

Séchard (David), fils unique du précédent, condisciple et ami de Lucien de Rubempré, apprit la typographie chez les Didot à Paris. Une fois de retour au pays natal, il donna maintes preuves de bonté et de délicatesse : ayant acheté l’imprimerie de son père, il se laissa sciemment duper et exploiter par lui ; prit pour prote, par discrète charité, Lucien de Rubempré, dont il adora, d’une passion payée de retour, la sœur, Ève Chardon, qu’il épousa malgré leur commune pauvreté, car son imprimerie dépérissait. Les frais assumés, la concurrence des Cointet, et surtout ses recherches d’inventeur poursuivant le secret d’un procédé particulier de fabrication du pa-

  1. Sa paroisse était l’église Saint-Laurent, qui prit, un moment, pendant la Révolution, le nom de Temple de la Fidélité.