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LES LOUPS-MARINS ET LEUR CHASSE

D’après des observations très suivies au cours de plusieurs années, j’ai constaté que mâles et femlles étaient proportionnellement en nombre à peu près égal, si j’en juge par le nombre de ceux qui sont abattus annuellement à la Pointe-des-Monts, environ 350 en moyenne, où on les tua à l’eau. Naturellement, lorsque les chasseurs les tuent sur la glace en février et en mars, ce sont les femelles qui forcément domineront.

Le loup-marin de cette espèce et le loup-marin commun n’ont que deux mamelles et non quatre comme quelques gens l’ont erronément supposé.

Le loup-marin harpe a six incisives supérieures, quatre inférieures, quatre canines et dix molaires à chaque mâchoires.

La longueur d’un loup-marin harpe, à sa pleine maturité, est d’environ sept pieds, et son poids est de trois cents livres, s’il est en bonne condition ; là-dessus, il y a près d’une bonne moitié de gras, tout pur. Une fois, j’en tuai un qui donna dix-huit gallons d’huile ; mais c’était là un rendement beaucoup au-dessus de la moyenne.

Pour les initiés, la chasse au loup-marin est un sport qui fascine, en dépit des nombreux dangers qu’il offre, ce qui au dire de quelques chasseurs, ne fait que lui donner plus de piquant. Au large de la Pointe-des-Monts, où j’ai fait la plus grande partie de mes chasses pendant quelques années, nous abattions la plupart de nos loups-marins en eau claire. Cependant, de temps à autre, il nous arrivait d’en tuer sur la glace.

Tout l’équipement qu’il nous fallait consistait en un léger canot de bois ou d’écorce, de quatorze pieds de long, trois avirons de bois franc, dont un de réserve au cas d’accident, un harpon avec un manche léger, long de huit pieds, muni de trois ou quatre brasses de