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PREMIÈRES ANNÉES

n’utilisait pas au poste, allait aux sauvages ; les plumes étaient remises à l’agent pour défrayer le coût des munitions. Peter et moi, en faisions une dépense si considérable que je ne crois pas que la Compagnie de la Baie d’Hudson ait jamais retiré beaucoup d’argent du produit de nos chasses.

La saison venue, pêche magnifique au saumon et à la truite dans la rivière Mingan ; mais il n’y avait que mon père, ses visiteurs et les officiers des vaisseaux de guerre de la station qui pouvaient pêcher le saumon. Mon père ne me permettait pas de toucher à ses lignes et mouches au saumon, et je me considérais comme chanceux, lorsque je pouvais avoir des mouches à truite ; car, à la pêche, je devais me contenter de cette mouche et d’appâts. Sur la rivière Manitou, branche de la Mingan, on faisait d’excellente pêche à la truite, de la grosse surtout.

Je fus bien près de me noyer dans la rivière Mingan, j’avais alors dix ans. Ayant toujours vécu loin au nord, j’avais eu bien peu de chances d’apprendre à nager, l’eau étant constamment très froide en toute saison. Le fait est que, pour cette raison-là même, bien peu d’indigènes ou de blancs nés sur la côte, savent nager. À Mingan, cependant, c’était mieux sous ce rapport, car l’eau s’y fait assez tiède en juillet et août, et je m’en payais largement la jouissance.

Un jour, nous eûmes la visite de Monsieur Richard Nettle, inspecteur des pêcheries, accompagné de son fils, garçon d’environ quatorze ans alors. Nous devînmes amis. Lui ayant proposé d’aller prendre un bain, nous partîmes pour la grève. Il y avait un petit portage à franchir derrière le Poste, ce portage conduisait à un haut escarpement du rivage, et où l’eau était très profonde à ras terre. Ça n’était pas un endroit bien sûr à tenter pour des novices, mais nous ne pensâmes pas un instant au danger.