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À TRAVERS LE SAINT-LAURENT

garçon et le voisin halèrent notre canot à terre et apportèrent mon fusil, celui de mon frère, et nos raquettes ; les Labrie n’en avaient pas.

Après toutes ces obligeantes attentions, je demandai s’il y avait un bureau de télégraphe dans l’endroit. On me dit qu’il y en avait un à deux milles plus loin à l’ouest, mais qu’après la dernière tempête les chemins étaient très mauvais, et qu’en outre, Madame Tanguay n’avait pas de cheval. J’étais désireux d’envoyer des nouvelles à mon monde, et ne voulant pas tarder davantage, je décidai de me rendre à la raquette au dit bureau. Je fus bien cordialement reçu par l’agent, Monsieur T.-J. Lamontagne, et l’expédition des dépêches se fit de suite. Il insista à venir me reconduire en cariole chez Madame Tanguay ; ce que j’acceptai avec beaucoup de reconnaissance, sans compter l’offre qu’il eut la générosité de me faire, de me passer les fonds nécessaires à mon retour à Québec, ainsi qu’une course en cariole le lendemain à Cap Chat où je voulais m’arranger pour avoir des chevaux et des sleighs pour nous monter. Les Labrie y avaient aussi un oncle qui y était domicilié et qu’ils voulaient voir.

Quand je fus de retour, mon frère et les Labrie dormaient, et je trouvai un lit tout prêt pour moi, mais, au lieu de l’utiliser, je m’assis dans une chaise près du poêle et je m’endormis. Je ne me mis pas du tout au lit cette nuit-là ; je restai, assis dans ma chaise ; je me réveillais de temps à autre, je marchais un peu d’ici de là, puis je reprenais ma chaise et me rendormais.

Le lendemain matin, je ne me ressentais aucunement du voyage et j’avais eu la chance de m’en tirer sans aucune engelure.

La nouvelle de notre arrivée sur la côte sud se répandit comme un feu de forêt, et, sur les neuf heures