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CHASSE COURTE ET FACILE AU LOUP

leur alerte, cela ne les empêcha pas de venir de notre côté jusqu’à ce qu’elles furent à vingt verges de nous. Mettant de côté un coup raté, j’étais maintenant certain de les tuer. Couchant en joue l’un des gros, il tomba raide mort du coup de gauche et de celui de droite, j’abattis le deuxième par-dessus le corps du premier. Le petit loup fit deux bonds, s’arrêta, et, se retournant, me fit face. J’avais déjà rechargé mon fusil et avant qu’il put s’échapper, je réglai son compte avec une troisième cartouche.

Je lançai un hourra et me retournai du côté de Rat-Musqué. Il était parti. Je lui criai, tout en descendant la falaise pour aller voir mon gibier et m’assurer s’il n’y avait pas d’autres loups à l’horizon. C’était toute la bande, d’après les pistes que je pus relever. Il y avait un loup, une louve et le troisième était probablement un de leurs louveteaux. Ils étaient de l’espèce que l’on appelle ici loups gris des bois, chiens-loups, Canis lupus.

Rat-Musqué m’étant revenu, je l’envoyai chercher le canot. Il prit le temps de raconter notre exploit à son oncle, et quand nous mîmes pied à terre, toute la famille était là.

En me rendant à la maison, je demandai au jeune sauvage pourquoi il m’avait déserté.

— Eh bien, dit-il, je n’avais pas de fusil, rien que ton fusil pas chargé, et je pensais que les loups étaient ben que trop près.

Il était parti alors que je me préparais à tirer mon premier coup. Mais il fit preuve de plus d’aplomb quelques années plus tard, en s’attaquant à trois ours à la fois, tout fin seul, avec un fusil se chargeant à la baguette. Il en tua deux et le troisième lui échappa avant qu’il put recharger l’arme.