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Coups de fusil inexplicables et autres



AU champ de tir à la carabine et ailleurs, on enregistre généralement un coup manqué comme « inexplicable ». Dans mon expérience et celle de bien d’autres, j’en suis sûr, beaucoup des coups justes peuvent être inscrits au même titre. Ce sont de ces coups-là que je désire raconter, en ne citant que ceux qui me sont personnels ou que j’ai vu tirer.

En faisant la trappe avec l’un de mes frères vers la fin de septembre, nous eûmes à traverser un petit lac ; mon frère conduisait notre canot d’écorce. Nous étions à environ trois cents verges du rivage, lorsque j’aperçus un canard noir qui, seul, allait et venait en nageant près du bord du lac qui était frangé d’une épaisse forêt de saules. Ces oiseaux sont d’ordinaire très farouches ; on peut rarement s’en approcher à portée de fusil dans des endroits à découvert. Nous n’avions pas à bord de moyens de nous dissimuler, mais voyant que le palmipède n’avait pas l’air de nous remarquer, je remis mon aviron dans le canot et je laissai mon frère manœuvrer dans la direction du canard. Je n’avais qu’un fusil à un coup, calibre 28, de la Compagnie de la Baie d’Hudson, portant une charge d’une demi-once de plomb BB. J’étais en quête de provisions et non de sport. Je ne fis feu que lorsque je fus à la distance de 25 verges.

Pendant tout ce temps-là, le canard ne nous avait pas prêté la moindre attention. Après avoir ramassé le canard, en tournant le canot de bord, nous entendîmes un bruissement dans le fourré de saules à quelque trente verges plus loin. En y allant voir, je trouvai un renard jaune qui se débattait dans les affres de l’agonie. Un plomb était allé le frapper près d’un