Page:Commanville - Souvenirs sur Gustave Flaubert, 1895.djvu/45

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adolescence, il était grand et mince, souple et gracieux comme un athlète, inconscient des dons qu’il possédait physiquement et moralement, peu soucieux de l’impression qu’il produisait et entièrement indifférent aux formes reçues. Sa mise consistait en une chemise de flanelle rouge, un pantalon de gros drap bleu, une écharpe de même couleur serrée étroitement autour des reins et un chapeau posé n’importe comment, souvent tête nue. Quand je lui parlais de célébrité ou d’influence à exercer comme de choses désirables et que j’estimerais, il écoutait, souriait et semblait superbement indifférent. Il admirait ce qui était beau dans la nature, l’art et la littérature et vivrait pour cela, disait-il, sans pensée personnelle. Il ne songeait nullement à la gloire ni à aucun gain. N’était-ce pas assez qu’une chose fût vraie et belle ? Sa grande joie