Page:Commanville - Souvenirs sur Gustave Flaubert, 1895.djvu/66

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cabinet de toilette. D’un bond je m’élançais sur une grande peau d’ours blanc que j’adorais ; je couvrais sa grosse tête de baisers. Mon oncle, pendant ce temps, remettait sa pipe sur la cheminée, en choisissait une autre, la bourrait, l’allumait, puis s’asseyait sur un fauteuil de cuir vert à l’autre bout de la pièce ; il croisait une de ses jambes sur l’autre, se renversait en arrière, prenait une lime et se polissait les ongles. « Voyons, y es-tu ? Eh bien ! que te rappelles-tu d’hier ? — Oh ! je sais bien l’histoire de Pélopidas et d’Épaminondas. — Raconte, alors. » Je commençais, puis, naturellement, je m’embrouillais ou j’avais oublié. « Je vais te la redire. » Je m’étais approchée et j’étais assise en face de lui sur une chaise longue, ou sur le divan. J’écoutais avec un intérêt palpitant les récits qu’il rendait pour moi si amusants.