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Page:Comoedia 2448 15 juin 1914.djvu/35

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sœurs que vos amis ont expulsées et que je vais aller rejoindre s’il plaît à Dieu que je puisse les retrouver. J’étais là, le jour où, malgré les efforts de toute une population, on a brisé leur porte, où on les a emmenées chacune entre deux gendarmes comme les malfaiteurs… où nous nous sommes dit adieu, nous qui ne faisions qu’une seule famille, où je suis restée seule pour garder la maison, plus malheureuse mille fois que celles qui partaient en exil.

Le Directeur. — Mais songez donc ! Ayez pitié, c’est ma place même, c’est mon gagne-pain qui est en jeu ! Vous ne savez pas quelles haines, quelles jalousies veillent autour de moi et hélas ! par quels moyens parmi nous on les satisfait. Qu’on vous voie pénétrer chez moi, et dès demain une dénonciation sera faite au ministre et je serai jeté à la rue.

La Sœur. — Dieu y pourvoira ! Si nous ne l’avions pas pour nous nourrir, nous toutes que vous aviez expulsées, que deviendrions-nous donc ?

Le Directeur. — Quelle horreur !

(Sonnerie de téléphone.)