Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/202

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vraison de la nouvelle carte. Quant à des centaines de petits objets qui peuvent cependant intéresser les astronomes, les auteurs les marquent par les lettres de l’alphabet latin, s’il s’agit de cratères, et par celles de l’alphabet grec, lorsqu’ils ont à désigner de petites montagnes.

Dans les livraisons déjà publiées de la belle carte de la Lune qu’il exécute à Dresde, M. Lohrmann a employé, pour la représentation des montagnes, la méthode assez généralement adoptée aujourd’hui par les topographes : la teinte plus ou moins noire du dessin donne la mesure de la rapidité des pentes. MM. Beer et Maedler se sont rigoureusement conformés aux mêmes principes dans toutes les parties de leur grand travail.

La Lune renferme des régions brillantes et d’autres régions très sombres : le jour de la pleine lune, chacun a pu le remarquer, même à l’œil nu, MM. Beer et Maedler sont parvenus avec des mélanges convenables de blanc et de noir, à donner aux diverses parties de leur carte les degrés comparatifs de clarté dont les objets naturels eux-mêmes sont doués.

Les auteurs ont poussé le scrupule jusqu’à désigner par un genre particulier de hachures les espaces où, dans des circonstances atmosphériques très favorables, ils assurent avoir aperçu des couleurs, le rougeâtre, le brun-jaune et surtout le verdâtre. Dans le nombre de ces espaces colorés, MM. Beer et Maedler placent au premier rang l’intérieur du mare serenitatis.

La nouvelle carte a été très habilement gravée sur pierre par M. Vogel sous la direction immédiate de M. Maedler. La 4me et dernière livraison paraîtra avant la fin de 1836. D’après les engagemens que les auteurs ont bien voulu contracter, les astronomes peuvent espérer de voir publier en même temps un ouvrage où seront consignés les nombreux résultats mathématiques et physiques qu’une si longue, qu’une si minutieuse contemplation de notre satellite a dû nécessairement révéler.

En présentant cette 3me livraison de la carte de la Lune à l’Académie, M. Arago a rappelé les curieux mémoires que MM. Beer et Maedler ont déjà publiés sur la constitution physique et le mouvement de rotation de Mars et de Jupiter. En très peu de temps, a-t-il ajouté, l’observatoire de Berlin que M. Guillaume Beer a fait construire à ses frais, aura ainsi pris rang parmi ceux de ces dispendieux établissemens auxquels la science est le plus redevable. Dès aujourd’hui, la famille Beer, qui déjà pouvait se glorifier d’avoir donné au monde le célèbre poète dont une mort prématurée a si malheureusement brisé la brillante carrière, et l’illustre musicien auteur de Robert le Diable, a le droit d’inscrire le nom du troisième frère parmi