Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/142

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le vérifier, si l’on eût fait des recherches attentives dans les cavernes, communes dans les montages qui bordent la Méditerranée ; car j’ai eu l’occasion de remarquer, dans mes anciennes campagnes d’Espagne et d’Italie, que les hirondelles, loin de passer les mers comme on l’avait cru, du moins certaines espèces, se tapissent, à l’instar des essaims d’abeilles, dans les anfractuosités des grottes profondes qu’on trouve en grand nombre sur les revers des gorges ou vallons des montagnes des Alpes et des Pyrénées[1].

» Un deuxième phénomène a été une quantité innombrable de cigales, que nous croyons être de l’espèce de celles qui ne paraissent dans certaines contrées du midi de l’Europe que tous les quarts de siècle ou tous les dix-sept ans (cicada septemdecim) ; leur chant produisait le même bruit que le son des grelots de mes chevaux de poste. Les habitans des campagnes ne se rappellent point en avoir vu une aussi grande quantité depuis longues années. Dans l’ancien monde, toutes les grandes épidémies, telles que la peste, étaient toujours précédées d’une plaie d’insectes, tels que mouches ou sauterelles. L’épidémie pestilentielle qui régna, en 1799, en Égypte, et qui fit périr plus de cent mille Musulmans, avait été précédée d’une plaie générale de mouches et de plaies partielles de sauterelles.

» Dans ma marche d’Avignon à Marseille, pendant les deux journées du 24 et du 25 juillet, j’ai été frappé du tableau que m’ont offert les populations de ces villes et de celles intermédiaires ; les voitures, les charettes, les chevaux et les ânes garnis de bâts, chargés de familles entières, se précipitaient confusément et sans interruption sur la même route, que j’eus la plus grande peine à parcourir pour arriver à ma destination. La terreur et la consternation étaient empreintes sur la physionomie de la plupart des hommes et des femmes qui faisaient partie de ces convois émigrans.

» J’ai rendu compte à M. le Ministre de la guerre, dans un dernier rapport que je lui ai adressé de cette dernière ville, du résultat de ma visite dans les hôpitaux, les casernes et dans tous les lieux particuliers qui ont été le siége de la maladie.

» Dans les casernes, j’avais pris des mesures hygiéniques dont quelques-unes devraient être appliquées à toute l’armée ; telle est, par exemple, celle

  1. C’est dans la grotte creusée profondément dans la montagne désignée sous le nom de l’Hirondellière (vallée de la Maurienne), que j’ai trouvé, à la fin de l’hiver de 1797, ces essaims d’hirondelles