Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/143

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relative à la literie des soldats, qui consiste à faire retrousser le matin les fournitures à la tête du cadre du lit, depuis le lever jusqu’à l’heure du coucher. Cette mesure conserve les fournitures intactes et empêche le soldat de se coucher pendant le jour, ce qui nuit à sa santé, surtout lorsque, dans les vingt-quatre heures, il en a consacré huit au repos.

» Une boisson légèrement tonique et agréable en goût a été prescrite dans tous les corps. Elle consiste dans une infusion légère de camomille, édulcorée avec du bois de réglisse et mêlée à un vingtième de bon vin rouge. Des lotions journalières de propreté furent recommandées, les bains de mer défendus, et des mesures de salubrité furent prises partout où il y avait indication.

» Pour tranquilliser les esprits et prévenir l’expansion des miasmes insalubres qui pouvaient s’élever des cadavres des cholériques, après la mort, lorsque surtout ils entrent en putréfaction (ce qu’on a vu chez un grand nombre dans ce climat chaud), et pour empêcher que les corps ne fussent ensevelis trop tôt, ce qui est arrivé peut-être à Avignon, j’avais recommandé de faire couvrir ou envelopper ces corps, immédiatement après le décès, d’un mauvais drap trempé dans le chlorure de chaux. À l’aide de cette enveloppe désinfectante, on pouvait attendre avec sécurité les vingt-quatre heures et davantage, s’il était nécessaire. »

Dans une seconde partie de cette Notice, M. Larrey expose les idées qui lui sont propres, relativement au caractère de l’épidémie, à sa marche et au mode de traitement qui lui paraît le plus convenable.

Après la lecture de ce Mémoire, M. Serres prend la parole : « Il y distingue, d’une part, les faits qu’il renferme, les conseils donnés par l’auteur aux populations frappées par le choléra ; et, d’autre part, l’explication du choléra même. Quant à la première partie du travail de notre collègue, je n’ai, dit-il, rien à lui opposer ; quant à la seconde, je crois devoir faire une observation.

» En attribuant, ajoute-t-il, le choléra à une mofète particulière de l’air, ou à des animalcules qui seraient tenus en suspension par ce fluide, et que les vents pourraient transporter d’un lieu dans un autre, il est à craindre que, contre l’opinion de l’auteur, on n’en déduise la contagion du choléra. Or, rien ne prouvant ni l’existence de cette mofète, ni l’existence de ces animalcules aériens, et jusqu’à ce jour l’origine de cette maladie nous étant complètement inconnue, il est prudent de