Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/121

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manière à fixer la vraie position que doit occuper, dans leur ensemble, celle dont ce Traité s’occupera ensuite exclusivement. Loin que cet arrangement didactique soit presque indifférent, comme notre vicieux régime scientifique le fait trop souvent supposer, on peut assurer, au contraire, que c’est de lui surtout que dépend la principale efficacité, intellectuelle ou sociale, de cette grande préparation. Il existe d’ailleurs une intime solidarité entre la conception encyclopédique d’où il résulte et la loi fondamentale d’évolution qui sert de base à la nouvelle philosophie générale.

Un tel ordre doit, par sa nature, remplir deux conditions essentielles, l’une dogmatique, l’autre historique, dont il faut d’abord reconnaître la convergence nécessaire : la première consiste à ranger les sciences suivant leur dépendance successive, en sorte que chacune repose sur la précédente et prépare la suivante ; la seconde prescrit de les disposer d’après la marche de leur formation effective, en passant toujours des plus anciennes aux plus récentes. Or, l’équivalence spontanée de ces deux voies encyclopédiques tient, en général, à l’identité fondamentale qui existe inévitablement entre l’évolution individuelle et l’évolution collective, lesquelles ayant une pareille origine, une semblable destination, et un même agent, doivent toujours offrir des phases correspondantes, sauf les seules diversités de durée, d’intensité et de vitesse, inhérentes à l’inégalité des deux organismes. Ce concours nécessaire permet donc de concevoir ces deux modes comme deux aspects corrélatifs d’un unique principe encyclopédique, de manière à pouvoir habituellement employer celui qui, en chaque cas, manifestera le mieux les relations considérées, et avec la précieuse faculté