Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/56

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causes finales, le principe des conditions d’existence, qui en offre, à un plus haut degré, toutes les propriétés logiques, sans présenter aucun de ses graves dangers scientifiques. On cesse alors de s’étonner que la constitution des êtres naturels se trouve, en chaque cas, disposée de manière à permettre l’accomplissement de leurs phénomènes effectifs. En étudiant avec soin cette inévitable harmonie, dans l’unique dessein de la mieux connaître, on finit ensuite par remarquer les profondes imperfections que présente, à tous égards, l’ordre réel, presque toujours inférieur en sagesse à l’économie artificielle qu’établit notre faible intervention humaine dans son domaine borné. Comme ces vices naturels doivent être d’autant plus grands qu’il s’agit de phénomènes plus compliqués, les indications irrécusables que nous offrira, sous cet aspect, l’ensemble de l’astronomie, suffiront ici pour faire pressentir combien une pareille appréciation doit s’étendre, avec une nouvelle énergie philosophique, à toutes les autres parties essentielles de la science réelle. Mais il importe surtout de comprendre, en général, au sujet d’une telle critique, qu’elle n’a pas seulement une destination passagère, à titre de moyen anti-théologique. Elle se lie, d’une manière plus intime et plus durable, à l’esprit fondamental de la philosophie positive, dans la relation générale entre la spéculation et l’action. Si, d’une part, notre active intervention permanente repose, avant tout, sur l’exacte connaissance de l’économie naturelle, dont notre économie artificielle ne doit constituer, à tous égards, que l’amélioration progressive, il n’est pas moins certain, d’une autre part, que nous supposons ainsi l’imperfection nécessaire de cet ordre spontané, dont la modification graduelle