Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/76

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d’étouffer ce feu céleste, ne serviraient qu’à l’embraser.

Debout, à côté de sa harpe et le cœur brûlant d’enthousiasme, Gisèle le regardait, sans s’apercevoir que les larmes inondaient son visage.

Le missionnaire s’approcha d’elle : — « Son amour surpasse toutes les délices, tous les désirs… » Ne l’oubliez jamais, dit-il, vous qui l’avez chanté comme les anges.

Il fit le signe de la croix sur cette tête charmante. Puis, regardant ceux qui l’entouraient, le P. de Brébeuf joignit les mains et répéta très humblement ce que saint Paul disait aux fidèles de Rome, en leur annonçant son départ pour l’Espagne : « Mes bien-aimés, je vous conjure, par Notre-Seigneur Jésus-Christ et par la charité de l’Esprit-Saint, de m’aider par les prières que vous ferez pour moi auprès de Dieu, car je dois annoncer l’Évangile à ceux qui n’en ont point ouï parler encore. »

M. Garnier et M. de Champlain voulurent reconduire le missionnaire jusqu’à sa voiture.

Gisèle resta sur le perron et le suivit du regard jusqu’au bout de l’avenue. Ce qu’on lui avait raconté de l’infernale cruauté des sauvages était encore tout vif en son esprit ; et, de ses yeux obscurcis par les larmes, il lui semblait voir P. de