Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/110

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vue d’œil. Vous savez que je ne puis voir une feuille fanée sans penser à mille choses tristes. Je l’avoue, ces pauvres feuilles ont déjà bien fait parler d’elles. Mais n’importe, j’aimerai toujours la vieille feuille d’Arnauld qui dit si bien : « je vais où va toute chose. »

Ce sont les premiers vers que j’aie sus, et c’est mon père mourant qui me les a appris. Voilà pourquoi sans doute ils gardent pour moi un charme si touchant, si funèbre.

M. de Montbrun me parle souvent de mon père ; mieux que personne il me le fait connaître.

Vous ai-je dit que je passerai l’hiver à Valriant ? Vous comprenez que je ne fais pas un grand sacrifice. Maurice parti, je trouverais la maison grande : il est toute ma famille, mais ici j’en ai une autre.

C’est plaisir de voir briller l’anneau des fiançailles sur la belle main d’Angéline. Cet anneau est celui de ma mère. Avant de mourir, elle même le donna à Maurice, pour celle qui serait la compagne de sa vie. Je me demande parfois si elle eût pu jamais la souhaiter aussi virginale, aussi charmante.