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ANGÉLINE DE MONTBRUN

J’aurais préféré n’y trouver personne. Pourtant je fis de mon mieux. Mais l’attente est une fièvre comme une autre.

J’avais chaud, j’avais froid, les oreilles me bourdonnaient affreusement, et je répondais au hasard à cette bonne Mme Lebrun qui me regardait avec l’air indulgent qu’elle prend toujours lorsqu’on lui dit des sottises.

Enfin, la porte s’ouvrit, et un nuage me passa sur les yeux : Angéline entrait suivie de son père. Elle était en costume d’amazone, ce qui lui va mieux que je ne saurais dire. Et tous deux me reprochèrent de ne pas t’avoir emmenée, comme s’il y avait de ma faute.

Pourquoi t’es-tu obstinée à ne pas m’accompagner ? Tu m’aurais été si utile. J’ai besoin d’être encouragé.

Le souper s’est passé heureusement, c’est-à-dire j’ai été amèrement stupide ; mais je n’ai rien renversé, et dans l’état de mes nerfs, c’est presque miraculeux.

M. de Montbrun, encore plus aimable et plus gracieux chez lui qu’ailleurs, m’inspire une crainte terrible, car je sais que mon sort est dans ses mains.