Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/120

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fallu tout voir et causer à fond : c’est ce qui m’a retardée quelque peu, moi le modèle des correspondantes.

Mon ami, crois-moi, je ne te fais pas un sacrifice en venant passer l’hiver avec Angéline. Après ton départ, la maison n’était plus habitable.

D’ailleurs, je suis fatiguée de la vie mondaine, c’est-à-dire de la vie réduite en poussière. Tu t’imagines si l’on m’en a fait de ces représentations. « La reine des belles nuits s’ensevelir à la campagne ! l’étoile du soir s’éclipser, disparaître ! »

Un de mes admirateurs m’a envoyé un sonnet. J’y suis comparée à une souveraine qui abdique, à un jeune astre qui se cache, fatigué de briller, et pour tout dire, il y a un vers de treize pieds.

Mais, si je continuais à te parler de moi, ne me trouverais-tu pas bien aimable ? Ne crains rien, je suis bonne fille, et Angéline est toujours la reine des roses ; mais elle a souvent une brume sur le front, et c’est ta faute. Mon cher, tu es bien coupable. Pourquoi t’en être fait aimer ?

Si tu voyais comme elle regarde ta place