Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/157

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Pourquoi cette adorable bonté est-elle si rare ? Si Maurice avait la délicatesse de mon père, peut-être aurait-il pu me faire oublier que je ne puis plus être aimée.

Pauvre Mlle Désileux ! Au commencement, elle m’inspirait une répulsion bien grande, mais quand mon père me disait de son ton le plus aisé : « Angéline, va embrasser Mademoiselle Désileux », je m’exécutais courageusement. Et ensuite que j’étais fière de l’entendre me dire, qu’il était content de moi ; car toute petite, je l’aimais déjà avec une vive tendresse, et quand il se montrait satisfait de ma conduite, je donnais dans les étoiles.

C’était son opinion qu’une affection trop démonstrative amollit le caractère, nuit au développement de la volonté qui a tant besoin d’être fortifiée ; aussi, malgré son extrême amour pour moi, ordinairement, il était très sobre en caresses.

Mais quand je l’avais parfaitement contenté, il me le témoignait toujours de la manière la plus aimable et la plus tendre. Parfois aussi, malgré son admirable empire sur lui-même, il lui échappait de soudaines