Page:Conan - Angéline de Montbrun, 1919.djvu/164

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n’est plus de ce monde me fait pleurer. Pauvre fille ! Son souvenir ne me quitte pas. La pensée de ce qu’elle a souffert m’arrache au sentiment de mes peines.

La nuit dernière, j’ai fait un rêve qui m’a laissé une étrange impression.

Il me semblait que j’étais dans un cimetière. L’herbe croissait librement entre les croix, dont plusieurs tombaient en ruines. Je marchais au hasard, songeant aux pauvres morts, quand une tombe nouvelle attira mon attention.

Comme je me penchais pour l’examiner, la terre, fraîchement remuée, devint soudain transparente comme le plus pur cristal, et je vis Véronique Désileux au fond de sa fosse. Elle semblait plongée dans un recueillement profond ; sous le drap qui les couvrait, on distinguait ses mains jointes pour l’éternelle prière.

Je la regardais, invinciblement attirée par le calme de la tombe, par le repos de la mort, et je l’interrogeais, je lui demandais si elle regrettait d’avoir souffert, de n’avoir jamais inspiré que de la pitié.