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18 juin.

M. L. est venu m’annoncer que j’héritais de Mlle Désileux. Je ne voulais pas le recevoir, mais il a tant insisté que j’y ai consenti.

Heureusement, cet homme d’affaires est aussi un homme de tact. Pas de ces marques d’intérêt qui froissent, pas de cette compassion qui fait mal. Seulement, en me quittant, il m’a dit : « Vous avez beaucoup souffert, et cela se voit. Mais pourtant, vous ressemblez toujours à votre père. »

Cette parole m’a été bien sensible. Ô chère ressemblance, qui faisait l’orgueil de ma mère et sa joie à lui.

M. L. m’a parlé au long de la conduite de mon père envers la pauvre Mlle Désileux, et m’a raconté plusieurs traits qui prouvent également un désintéressement et une délicatesse bien rares.

« Soyez sûre, m’a-t-il dit, qu’il en est beaucoup que nous ignorerons toujours. »

Oui, cette divine loi de la charité, il la remplissait dans sa large et suave plénitude.